Emancipation

Mai 68... aujourd'hui

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Un demi-siècle plus loin, les retours sur les évènements de mai et juin 68, leurs origines, leur portée, ce qu'elles apportent encore pour aujourd'hui et demain vont donner lieu à différentes manifestations et prises de positions. Elles seront, pour certaines, annoncées sur cette page.

Dans L'Humanité du 18 janvier, Ludovine Bantigny,

historienne et auteure de 1968. De grands soirs aux petits matins, souligne dans un entretien que ce qui lui «semble fondamental, c’est que cela témoigne de projets, d’espoirs aussi bien sur la nécessité de se retrouver, de parler, de penser autrement, que de la volonté de se sentir légitime en voulant changer quelque chose.» Elle note aussi que «1968, le travail des historiens le montre, ce n’a été que du collectif, et non, comme on l’a dit, un mouvement individualiste.» Plus ici.

Dans Le Monde du 24 janvier, Alain Krivine et Alain Cyroulnik,

anciens dirigeants de la Ligue communiste révolutionnaire, viennent de publier une tribune intitulée ‘‘Eh bien non, nous n’allons pas enterrer Mai 68’’. Ils soulignent notamment : « Mai 68 n’était pas qu’une simple saute d’humeur et une crise de puberté. Il n’était pas et n’est pas compatible avec les reniements, les petites combines. Il n’était pas consensuel, et ne l’est toujours pas. Il n’était ni cocardier, ni libéral. Notre génération, née de la seconde guerre mondiale, s’est dressée contre les affres de la guerre d'Algérie et du Vietnam. Les guerres que mènent aujourd’hui les pays occidentaux, dont la France, en Afrique ou au Moyen orient, nous donnent toujours et encore la nausée. Nous voulions un monde qui ne soit ni aux ordres de Washington ou de Moscou et nous voulions redonner au socialisme son visage humain. Le visage hideux du capitalisme nous répugne tout autant qu’hier ». Un bémol : tout à leur volonté de célébrer les « 10 millions de grévistes qui occupent leurs usines drapeaux rouges en tête », ils dévalorisent la libération sexuelle.  A lire ici.

A Bordeaux, les rencontres cinématographiques Espaces Marx/Utopia

inaugurent les projections par une journée d'étude, dont une conférence, le 29 janvier, en partenariat avec l'Institut CGT d'Histoire Sociale :

Avec Maryse Dumas, Vincent Tiberj, Mireille Poirier, Jean Lavie, Michel Pigenet et les membres de l’IHS-CGT,  nous nous questionnerons sur ce qu’il reste aujourd’hui de mai 68 en abordant la question du droit social, de la prise en compte des droits des femmes dans et hors travail, et sur la place de la jeunesse. Nous conclurons par une conférence de Michel PIGENET à 18h, professeur émérite Université Paris1 dont les recherches portent sur les constructions des identités collectives en milieu populaire.

Lieu :  Musée d'Aquitaine, 20 cours Pasteur 33000 Bordeaux

A Paris du 2 mars au 14 avril : Mai 68 vu des Suds :

Une série de rencontres et de débats publics pour comprendre les héritages politiques actuels des mobilisations mondiales émancipatrices des années 1965-1973

À l’initiative de Jacques Sauvageot, hélas brutalement décédé alors qu’ il préparait cette série de rencontres, le Réseau Sortir du colonialisme, le Cedetim et l’Institut Tribune socialiste (ITS) ont choisi d’évoquer Mai 68 à partir des Suds. Ils le font à l’occasion de la treizième Semaine anticoloniale et antiraciste, organisée en mars 2018. Six fondations et associations (Fondation PAM, ITS, Fondation Gabriel Péri, Fondation de l’ écologie politique, Fondation Copernic, Espaces Marx) ainsi qu’un centre de recherche (le Centre d’histoire sociale du Xxe siècle) soutiennent cette ini

tiative, également soutenue et promue par Mediapart. L’objectif, explicité dans ce document est de mettre en lumière le « mouvement mondial de Mai 68 vu des Suds » au cours de la période 1965-1973, afin de comprendre comment ses ressorts profonds, trop oubliés, font encore sens et trace aujourd’hui.

Cette initiative débute par une séance inaugurale en Sorbonne, suivie de cinq débats publics au Maltais rouge - 40 rue de Malte, 75011- pendant deux semaines, permettant d’approfondir les situations par régions du monde, et d’une séance de clôture le 14 avril au CICP -21 rue Voltaire, 75011.

Programme ici.

Accès gratuit, mais inscription préalable obligatoire : https://framaforms.org/mai-68-vu-des-suds-1517309666

A Nantes le 14 avril : changer le monde pour changer nos vies !

Deux ateliers-débats à 16 et 18 h autour des luttes avec un retour sur mai 68 à Nantes, en raison de la
manifestation intersyndicale du samedi 14 avril, après la manifestation à laquelle les organisateurs appellent à participer. (Ensemble 44 !). Texte d'invitation ici. Dans ce cadre, est diffusé un document co-signé de Fanny Gallot et d'Eve Meuret Campfort :

"Des ouvrières en lutte dans l'après 68 - Rapport au féminisme et subversion de genre"

à télécharger ici.

A Paris : L'autogestion en mai et juin 1968 en France

le 26 mai ou le 2 juin (à préciser ultérieurement) journée sur "L'autogestion en mai et juin 1968 en France". Dans cette perspective est lancé l'appel ci-dessous.

Appel à témoignages et contributions

Le cinquantième anniversaire de mai et juin 1968 sera l’occasion de commémorations où, à n’en pas douter, beaucoup sera dit, le meilleur comme le pire, mais aussi beaucoup risque de rester dans le silence.

Mai et juin 1968 ne furent pas qu’une rébellion étudiante, pas plus qu’on ne saurait la restreindre à une simple révolution culturelle des mœurs. Ce fut une grève générale inédite, en France la plus importante du 20ème siècle avec neuf millions de grévistes, ce fut une crise sociale, politique où s’est posée concrètement la question non seulement des pouvoirs, mais du pouvoir politique lui-même. Si la « révolution de mai » n’a pas triomphé, elle ne fut pas défaite. Au cours de ces semaines une profonde aspiration des individus à décider collectivement de leur présent et de leur futur, dans les lieux de travail, dans les quartiers et les campagnes est apparue; loin de s’éteindre, elle s’est renforcée dans les années suivantes.

L’autogestion : en plein mois de mai le mot est prononcé. Il sort enfin des cercles militants restreints qui s’intéressaient aux expériences du passé (Russie, Espagne, etc.) comme à celles plus proches de la Yougoslavie, de l’Algérie. Le terme est repris par un syndicat de salariés, la CFDT, qui va en faire son étendard dans les années qui suivent.

Mais au-delà des mots, pouvoir ouvrier, pouvoir étudiant, pouvoir paysan, pouvoir populaire, qu’en est-il en réalité en mai et juin 1968 ? Les entreprises sont occupées, c’est une remise en cause du droit de propriété, certes. Mais comment s’organisent les personnels en lutte, les assemblées générales élisent t’elles des délégués ou les comités de grève se réduisent t’ils à l’intersyndicale ? Les femmes, les travailleurs immigrés, les cadres, les jeunes étaient nombreux dans l’action. Etaient-elles/ils fondu.e.s indistinctement ou bien existait-il des cadres formalisés ou non spécifiques ? On critique l’aliénation, on défie le pouvoir patronal mais envisage t’on des productions alternatives ? L’occupation est-elle statique ou va-t-on – comme ce sera le cas à Lip cinq ans plus tard – jusqu’à faire redémarrer l’outil de travail au service de la lutte ?

Les cas les plus avancés sont un peu connus : la « Commune de Nantes », les « soviets » du CEA de Saclay, la sortie sous contrôle syndical de la presse quotidienne, la Sorbonne, les Beaux-Arts. Ils sont rares, et sont devenus des mythes. Il y a lieu de les faire connaître à nouveau, et plus largement encore. Et puis, il y a sans doute de nombreuses expériences qui restent encore dans l’ombre.

Cette journée s’inscrit dans une réflexion plus vaste sur l’actualité de l’autogestion tant dans les luttes que les dans les discussions programmatiques, que nous entendons poursuivre. Il s’agit donc d’une étape.

Notre objectif, au cours de cette journée, est de faire connaître ces expériences, d’en comprendre la portée, les obstacles auxquels elles se sont heurtées, comment elles ont véritablement fonctionné, dans les entreprises, les établissements scolaires, les quartiers et les campagnes, ainsi que les stratégies des acteurs.

Nous qui organisons cette journée nous connaissons certains des acteurs et actrices, des chercheurs et chercheuses qui ont vécu ou travaillé sur cette période, mais nous sommes certains que beaucoup d’autres existent dont les témoignages, les réflexions, les documents collectés ont une valeur inestimable et qu’il faut porter à la connaissance des générations nouvelles.

Vous voulez participer d’une manière ou d’une autre à cette journée, vous pouvez nous écrire pour apporter votre témoignage, votre contribution (en intervenant, en envoyant un texte écrit, des documents textes, audio, video), en acceptant d’être enregistrés) en nous indiquant où vous étiez en mai et juin 1968 (entreprise, quartier, établissement) et en nous laissant vos coordonnées.

écrire à autogestion68@gmail.com

Premiers initiateurs : Alternative et autogestion (AA) ; Association pour l’autogestion (APA) ; Amis de Tribune socialiste (ATS) ; Observatoire des mouvements de la société (OMOS) ; Réseau pour l’autogestion les alternatives l’altermondialisme l’écologie le féminisme (AAAEF) ; le Temps des Lilas ; Solidarité écologie gauche alternative (SEGA) ; Union syndicale Solidaires...

, 23 janvier 2018