Convergences

France insoumise : dépasser les dénis, relever les défis

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Les défis de la France insoumise sont les nôtres. Il en est ainsi du décloisonnement des mobilisations, de la volonté de rompre avec la hiérarchisation des luttes, de l'horizontalité des mouvements. Si la FI ne s'enferme pas dans une logique de contre-société repliée sur elle-même, une orientation-action articulant l'immédiat et le long terme, la résistance et l'alternative, la proposition concrète et la vision de la société nous semble puissamment féconde.

Un autre défi est la convergence des organisations politiques, syndicales et associatives. Certains s’indignent des critiques de Jean-Luc Mélenchon sur la conduite de la mobilisation contre la loi Travail, qui serait une inacceptable mise en cause, blablabla… Ils ne veulent pas entendre que la répartition des rôles à l'ancienne - aux syndicats la résistance, aux partis le projet et l'alternative, aux associations la gestion de fragments du quotidien - est dépassée. Et que la Charte d'Amiens, qui a nourri la césure entre mouvement social et politique, a vieilli. N’est-il pas temps d’expérimenter, à tous les niveaux, de nouvelles relations entre organisations, au diapason des rapprochements parfois opérés dans l'action mais en allant beaucoup plus loin dans la réinvention des rôles de chacun ? Qui peut justifier sérieusement que la CGT, la FSU et Solidaires ne se rapprochent pas franchement ? Comment comprendre le refus de mener ensemble des grandes campagnes communes, au-delà des nécessaires mais insuffisants appels unitaires ?

Enfin, troisième défi, l'invention de nouveaux modes d'organisation et de décision. On partage la volonté de ne pas reproduire les fonctionnements classiques des partis, où les phénomènes de bureaucratisation sont redoutables et où l'essentiel du pouvoir est toujours confisqué par les sommets et les avant-gardes. Bienheureux ceux qui savent précisément comment faire en la matière. C'est là où le bât blesse pour le moment, à la France insoumise et dans tous les espaces militants, et croire que les questions de pouvoirs et de démocratie pourraient durablement ne pas être affrontés sérieusement serait un déni insensé.

Editorial de Cerises n°238, 1er décembre 2017

 

 

, 01 décembre 2017