Discriminations Racisme

Dans la bataille des idées, bien choisir nos mots

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D'abord les mots, sur Facebook, d’une agente de la ville de la Courneuve : « Quand un martyr égorge une femme et poignarde une autre, là ça fait du bruit. Terrorisme, du sang, Bla Bla Bla... Par contre que le terrorisme patriarcal nous tue tous les 2 jours, on l'entend moins votre grande gueule ». Des propos choquants pour beaucoup, non seulement du fait de ce mot "martyr" utilisé sans guillemets, qui colle au statut espéré par le criminel - être un combattant qui meurt héroïquement au combat -, mais aussi du fait de l’assimilation maladroite entre terrorisme et violence domestique.

Le maire de La Courneuve a cru bon de lancer une mesure disciplinaire accompagnée d’une suspension de l’agente à effet immédiat, en attendant une instruction administrative. Celle-ci risque ainsi de perdre son emploi, alors qu’il est parfaitement contestable que les propos incriminés relèvent d’une quelconque apologie du terrorisme.

La fachosphère s'emploie depuis à diaboliser la jeune femme et à assimiler la mairie de La Courneuve, le PCF et France Insoumise au "terrorisme islamique". C'est le boulot mortifère des extrémistes de droite. Peu surprenant, aussi, vu le climat politique actuel : le président du groupe En marche à l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a tenté d’instrumentaliser l’affaire, tandis que Manuel Valls associait ces jours-ci la France insoumise à "l’islamo-gauchisme". Notons que ce sont les mêmes qui portent ces accusations et qui, comme vient de le souligner Mélenchon, refusent de condamner Lafarge pour sa complicité avec Daesh et d'enquêter sur les liens du Qatar avec les groupes terroristes.

Reste que pour prévenir et combattre ces instrumentalisations, nous devons indissociablement être solidaires de toute la société contre le terrorisme de Daesh, lutter contre l'islamophobie et tous les racismes, lutter aussi contre les violences faites aux femmes, promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes. Il s'agit de fédérer les combats, et non de les opposer. Si l’on veut les porter efficacement et parler à tous, il faut choisir soigneusement nos mots.

Editorial de Cerises n°334, 6 octobre 2017

, 06 octobre 2017